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Curiosités #microcuriosités - Les Mantes

Dernière mise à jour : 22 avr. 2020

Bienvenue dans notre rubrique "Curiosités", où les espèces sont passées au microscope. Petit à petit, nous vous faisons découvrir le merveilleux monde du vivant de l'archipel de biodiversité, São Tomé et Príncipe.

Pour le premier volet de notre rubrique “Curiosités”, nous avons choisi de mettre en avant une espèce endémique de l’archipel de biodiversité. Cet insecte diurne mais aussi nocturne, originaire d’Afrique, est aussi largement répandu dans le bassin méditerranéen, l’Amérique du Nord et une partie de l’Asie. Préférant les mois chauds, notre curiosité adopte un déguisement parfait, se rempli la panse avec voracité, utilisant ses pattes “ravisseuses” comme instrument de chasse. Alors, avez-vous deviné de qui nous parlons ? 


Comme beaucoup d’insectes adoptant de merveilleux apparats, la mante est aussi la reine du camouflage. De la famille des Mantidae, cette carnassière est connue pour sa stratégie de chasse hors-paire, son cannibalisme envers ses congénères et parfois amants, et son caractère imprévisible et envoûtant. 

En effet, les Mantes sont connues pour pratiquer le cannibalisme sexuel. Il arrive fréquemment mais pas tout le temps, que le mâle soit dévoré par la tête pendant la copulation. Les nerfs du mâle qui animent l’abdomen fonctionnent encore quelques instants et permettent la fécondation. Si ce comportement semble insoutenable, certaines études ont montré qu’un manque protéinique de la femelle à cet instant, explique sa voracité, et traitera son partenaire au même titre qu’une proie. 


Le saviez-vous ? La femelle construit une sorte de capsule appelée "oothèque", dans laquelle elle pondra entre 200 et 300 oeufs qui séjourneront pendant la période d’incubation. Les larves minuscules qui en sortiront seront des proies faciles avant de devenir ce redoutable prédateur que les mantes sont. 

En France, la mante, dite aussi “Prie Dieu”,  du latin Mantis “devineresse” et religiosa lié à la posture de ses pattes antérieures, a des caractéristiques bien particulières. Par exemple, une fois sortie du cocon familial, elle doit passer par plusieurs mues avant de pouvoir atteindre son stade de maturité pour se reproduire. Ce dernier stade de transformation la dotera alors d’ailes plus ou moins colorées selon l'espèce, lui permettant ainsi de voler sur de petites distances. 

Autre attrait singulier de cette dernière, la prédation qui n’est pas seulement une nécessité pour survivre, mais aussi un réflexe. Non-venimeuse, elle se nourrit de proies vivantes, les dévorant rapidement grâce à ses puissantes mandibules. 

Elle détient une vision très vive à l’aide de sa tête triangulaire qui peut pivoter à 180° et de ses yeux protubérants. Enfin, son sens auditif est caractérisé par trois ocelles placés entre ses longues et délicates antennes, lui donnant alors la possibilité de capter les vibrations émises par ses proies lorsque ces dernières se déplacent dans l’air. 

La mante de São Tomé et Príncipe : Polyspilota griffinii (Giglio-Tos, 1935)


Taxonomie :

  • Ordre : Mantodea

  • Famille : Mantidae

  • Sous-famille : Tenodorinae

  • Tribu : Tenoderini

  • Genre : Polyspilota


Les « Polispilotes » font parti des mantes presque exclusivement typiques de la région éthiopienne. Une espèce, la plus abondante et répandu dans toute l'Afrique tropicale, Polyspilota aeruginosa, Goeze. Ce nouveau genre se situe tout naturellement dans la famille des Mantidae et la sous-famille des Polyspilotinae Giglio-Tos, 1917.


Description et découverte de l'espèce : 

Le genre Polyspilota est en révision à ce jour. Cette Mantidae de la sous-famille des Tenoderinae, Tribu des Tenoderini a été décrite en 1911 (Buletana Societa Entomologica Italiana Trimestre I, II, III e IV. (Dal Gennaio al Dicembre 1911), puis découverte sur l’Ouest de l'île, capturées en décembre, une à Agua-Izé entre 400 et 700 m d’altitude, puis l’autre sur Ribeira Palma en août.


La Polyspilota griffinii est endémique de l’archipel et y établit son territoire dans les forêts extraordinaires de ce dernier. Elle se nourrit de criquets, sauterelles et chenilles locales et se reproduit d’octobre à février, puisqu’elle a été vue sur les deux expéditions orchestrées par notre association Microland à 5 mois d’intervalle. 


C’est la seule mante endémique connue de l’archipel de São Tomé et Príncipe. Les Mantodea, ou Mantes, font encore partie d’un groupe très méconnu sur l’archipel, où de nouvelles espèces sont probablement encore inconnues. Les mantides représentent alors un faible pourcentage des espèces entomologiques de São Tomé et Príncipe. 

Lors des deux missions à São Tomé, cette espèce a été capturée plusieurs fois dans les forêts d’altitude de l'île. On la trouve également en bordure des villages comme celui de Monte Café.


Individus observés et localisés par Microland :  

  • Monte Café, route de Novo Destino, 6.2.2019  2♂

  • Bom Sucesso, route de Lago Amelia, 4.2.2019  1♂ 1 Juv

  • Monte café, route de l’école 6.2.2019  1♀ immature

  • Lago Amelia, 2.2019  1♀


Statut de l’espèce : 

L’espèce est assez commune sur São Tomé. Nous avons pu l’observer à maintes reprises. Lucifuge, elle vit assez facilement à la lumière. Les femelles sont plus grosses que les mâles et possèdent des ailes postérieures fumées noires alors que les ailes antérieures possèdent de jolies taches noires et jaune sable surmontées d’une frange verte. 


Autres anecdotes utiles :

Le dimorphisme sexuel chez les mantes est lié à leur différence de taille, mais leur ressemblance reste forte entre les deux sexes. Elles muent plusieurs fois, raison pour laquelle elles vivent longtemps (près d’un an), en comparaison à la longévité courte d’autres insectes. Autre anecdote, dans les régions tropicales, les mantes s’attaquent parfois à des espèces plus grosses qu’elles commes des lézard ou des petits oiseaux.


L’importance de comprendre cette espèce :

Certaines mantes sont menacées comme la Mantis religiosa, et en voie de disparition dans certaines régions, notamment en Île-de-France où elle est entièrement protégée. L’étude de son comportement favorise une meilleure connaissance de cette espèce de surcroît endémique de l’archipel de São Tomé et Príncipe, et permet de mettre en place des méthodes de conservations appropriées pour la préserver.


Merci à André Prost pour sa collaboration sur l'analyse de la mante de São Tomé et Príncipe.


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