Bienvenue dans notre rubrique "Entretien avec ..." qui complète les pages d'un carnet de voyage, dont l'ambition est l'immersion de notre auditoire dans les coulisses de Microland et celui du monde du vivant.
C'est l'histoire d'un passionné depuis l'enfance qui, fasciné par les papillons et autres insectes, est devenu désormais un défenseur avisé de la biodiversité. Entomologiste toujours en quête de découvertes, il connait les interrelations entre les insectes, les plantes et l’homme, et explique l’importance de ces symbioses dans un climat environnemental incertain. C'est ce qui l'a amené à créer Ecotonia, Microland et Inveo, construisant alors des expertises environnementales diverses et novatrices.
Rencontre avec ce visionnaire toujours en quête de curiosités.
Après chaque accalmie et au retour d’une température adéquate, nos investigations sont complétées par la recherche d’autres ordres taxonomiques chez les insectes.
Microland : Racontez-nous en quelques lignes, votre histoire en relation avec l’ONG. Comment s’est déroulé le début de votre collaboration ?
Gérard Filippi : Microland est une entité associative que j’ai fondé en 2015 pour réunir de nombreux entomologistes et amis passionnés de systématique et de taxonomie. Devant l’effondrement des populations d’insectes à travers le monde, cette inquiétude n’a fait que renforcer ma motivation pour enrichir les connaissances sur la biodiversité.
Quelles étaient vos missions ainsi que vos attentes durant l'expédition ?
Ma fonction au sein du groupe a été d’organiser et de renforcer les relations avec les autorités gouvernementales, parfaire les documents administratifs en corrélation avec le Protocole de Nagoya et bien entendu, organiser ces merveilleurses expéditions scientifiques. Viens ensuite mon expertise sur la détermination des papillons (Rhopalocères et Hétérocères). À ce jour et sauf nouvelles à venir, tous les papillons de jours récoltés ont été déterminés. Enfin, nous atteignons environ 35% des espèces recensées. Reste toute la méconnaissance autour des papillons de nuit dont les populations et l’écologie sont encore méconnus pour l’Archipel de São Tomé.
À quoi ressemblaient vos journées et quels fut les moments marquants lors de cet incroyable voyage ?
Les journées d’investigation commencent très tôt le matin avec un lever à partir de 5 ou 6h. Le soleil et la chaleur montant en saison de pluie, sont optimum de 8h à 10h du matin avec une interruption liée aux pluies diluviennes. Nous en avons profité pour suivre les chemins forestiers et les milieux ouverts pour inventorier les lépidoptères et rechercher les micro-habitats de coléoptères en tout genre : vieilles souches d’arbre décomposés, arbres couchés au sol, arbres mellifères ou attractifs, pose de pièges olfactifs...
Après chaque accalmie et au retour d’une température adéquate, nos investigations sont complétées par la recherche d’autres ordres taxonomiques chez les insectes. Par exemple, les Odonates en bordure de milieux humides, ou d’ornières profondes remplies d’eau. Mais aussi les Orthoptères sur les prairies à graminées, ainsi que les araignées, nombreuses dans ce pays et très reconnaissables par le tissage d’immenses toiles, présentant des regroupements sociaux d’individus comme les Nephiles.
Reste le décors naturel composé d’arbres presque indescriptibles, par leur taille immense et toutes les associations phytosociologiques qui en dépendent : mousses, fougères, orchidées , bryophytes, et parfois même d’autres espèces arbustives poussant dans les cavités de leurs hôtes.
Nous avons beaucoup appris sur la diversité et le potentiel endémique des insectes et papillons des deux îles, avec une richesse plus importante sur Principe, encore plus préservée que Sao Tomé, et qui met l’écologie et la préservation de la biodiversité au coeur même de ses politiques d’aménagement.
Qu’avez-vous découvert, appris, et partagé avec l'équipe, les entités locales, ainsi que les autres organisations ?
Nous avons découvert une forêt luxuriante mais insulaire à la fois, riche en plantes et en oiseaux mais moins diversifiées en insectes que sur le vieux continent. Nous avons vécu un total dépaysement au coeur d’un petit pays qui traverse difficilement les étapes du développement. Nous avons beaucoup appris sur la diversité et le potentiel endémique des insectes et papillons des deux îles, avec une richesse plus importante sur Príncipe, encore plus préservée que São Tomé, et qui met l’écologie et la préservation de la biodiversité au coeur même de ses politiques d’aménagement.
La suite. Quelles sont les prochaines étapes et autres actions à suivre concernant vos découvertes et vos évaluations ?
Nous avons quadrillé les deux Îles en deux missions successives, avec l’objectif de multiplier les investigations en fonction des différentes saisons. La prochaine mission sera consacrée au ciblage de zones de forêts natives plus précises, en termes de durée d’investigations et de choix stratégiques. Bon nombre de secteurs restent encore inaccessibles et très peu connus.
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